
Le monde associatif, et par conséquence celui du bénévolat, est en train de vivre un bouleversement inédit. Depuis quelques années, il devient de plus en plus compliqué de recruter des bénévoles, alors qu’une autre forme d’engagement voit le jour.
Les associations doivent s’adapter à des tendances de long terme qui s’accentuent, telles que l’engagement croissant des jeunes, le repli de leurs aînés, notamment des 65 ans et plus, des actions ponctuelles qui prennent le pas sur le bénévolat régulier.
Même si les récentes annonces gouvernementales citent avec insistance la nécessité de privilégier le monde associatif et le bénévolat, force est de constater que les difficultés financières du pays n’incitent guère à l’optimisme… des restrictions budgétaires sont d’ores et déjà envisagées dans certains endroits.
Jean-Michel DELSUC


Quel bénévolat pour demain ?
De l’entraide de l’Antiquité au bénévolat d’aujourd’hui, tel fut le thème abordé par Jean-Michel Delsuc lors de la conférence organisée par l’association « Aux 4 coins des mots » le 6 mars dernier.
Depuis des millénaires les hommes se sont entraidés sous différentes formes : collegia romaines, guildes, actions caritatives, et enfin associations.
Si le monde associatif, en France, compte 1,5 million de structures, 20 millions de bénévoles (70 000 associations se créant tous les ans en France), c’est un facteur économique, de cohésion sociale et de solidarité indéniable que nous devons à tout prix conserver.
Jean-Michel Delsuc, vice-président de l’APASS du Gard et ancien président de l’Union Nationale des Association Intermédiaires, s’inquiète car si le secteur n’est pas forcément en crise ouverte il convient de s’interroger rapidement sur les causes de l’érosion des bénévoles, notamment seniors dans les structures associatives.
Cette constatation inquiétante s’appuie sur des analyses concordantes qui font état d’une perte significative des personnes de plus de 65 ans : elles étaient 40% en 2010 pour 20% en 2023 ! Pourtant ce sont très souvent eux qui assurent la gouvernance des associations.
Si certaines raisons sont relativement bien connues (accès aux loisirs, recul de l’âge de la retraite, problèmes de santé liés au vieillissement,…) d’autres le sont moins comme les contraintes administratives et financières ou les recherches de financement de plus en plus difficiles.
Jean-Michel DELSUC estime que compte tenu des réductions drastiques des subventions, de la diminution de ces bénévoles seniors, des changements de mentalité, de l’exigence des utilisateurs, le secteur associatif est, à terme, en danger et va devoir changer de paradigme, trouver de nouvelles formes d’actions, chercher de nouveaux partenaires et s’adapter à un monde de plus en plus agile et fluctuant (micro bénévolat, télé bénovolat, mutualisation de moyens, … tout en privilégiant la dimension citoyenne à l’offre mercantile.
Le bénévolat facteur d’intégration c’est une école d’humilité et de don de soi qu’il convient de transmettre aux plus jeunes.
Des pistes existent, le Conseil Économique et Social et environnemental a déjà émis des idées, parfois reprises par une loi d’avril 2024, il conviendrait de les appliquer dans leur intégralité.